MECANIQUE ET QUATERNIONS
EXEMPLE CONCRET POUR LES AMATEURS DE MATLAB
Le mouvement dit de
'Lagrange et Poisson'
En tant qu'enseignant, je trouve, bien que ce soit un cas d'école, cet exemple excellent pour illustrer de nombreuses techniques :
1°) DEFINITION :
Le mouvement de Lagrange et Poisson est celui d'un solide (S) , mobile autour d'un point fixe O , origine d'un repère inertiel OXYZ ( Z vertical ascendant ), avec les qualités suivantes :
Pour la pesanteur |
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Pour les inerties |
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W |
La rotation axiale initiale autour de z |
p, q, r |
les composantes de la rotation absolue de S exprimée sur x y z |
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Constantes pour la suite des calculs |
L'articulation en O qui maintient O fixe est sphérique parfaite, Le seul couple actif sur le solide S est celui Co de la pesanteur, porté par l'axe Ou.
2°) EQUATIONS DU MOUVEMENT
Le quaternion Q = ( q0 q1 q2 q3 ) qui sera introduit, est associé à la rotation qui transforme le repère absolu fixe XYZ en celui, mobile xyz lié au solide S. L'usage des quaternions nous libère, à priori de toute définition plus ou moins bien définie des angles. Si des angles deviennent nécessaires, alors dans cet exercice, ce seront typiquement ceux d'Euler y, q, j.
Le théorème du moment cinétique, appliqué au point fixe O, en projection sur les axes satellite, conduit aux équations classiques :
Le couple est alors exprimé en termes de quaternions ( voir le cours ), la matrice de passage est P=(Pij)
La résolution numérique consiste à former un système différentiel du premier ordre, avec une variable vecteur colonne à 7 composantes ( 3 pour la rotation ( p q r ) et 4 pour le quaternion Q = ( q0 q1 q2 q3 ) . Naturellement vous constatez que r(t) est constant et reste égale à
W. La rotation axiale se conserve.Système classique de la forme :
Pour l'initialisation, il faut voir le
cours sur les quaternions.b) Résultats
: les graphiques qui suivent illustrent une simulation Matlab.
Figure 1 : Cas classique avec un lancement du "gyro" très particulier : |
Figure 2 : Seul changement par rapport à fig1, on donne un peu de vitesse de nutation et donc on assiste à une courbe en festons serrés entre 2 cercles, prouvant que q oscille entre 2 valeurs. |
Figure 3 : Par rapport à fig2, on a diminué la rotation propre dans un rapport de 5. La trajectoire présente alors des points de rebroussement. |
Figure 4 : Diminution de la vitesse angulaire et apparition de festons plus "larges" qu'en figure 2 |
Figure 5 : Comme en figure 3 mais sur un temps plus long. |
Figure 6 : Augmentation de la masse et diminution de la rotation propre è Plus grande amplitude des variations de la nutation q. |
Figure 7 : L'axe est supposé quasiment vertical au départ q voisin de è On assiste alors à une descente de l'axe et une remontée vers la quasi verticale, ce qui donne en projection sur le plan, une sorte de "cardïoide". |
Schéma du diagramme fonctionnel sous Matlab/Simulink
Ensemble des fichiers récupérables Lagrange.zip |
2°) AUTRES EQUATIONS DU MOUVEMENT :
a) MISE EN EQUATIONS CLASSIQUE :
Classiquement, en mécanique générale, avec un paramétrage par les angles classiques d'EULER, on écrit d'autres équations, par le théorème du moment cinétique, appliqué à S, en O fixe, en projection sur les axes uvz, axes qui restent principaux pour S et privilégiés pour le calcul du couple du à la pesanteur.
Le lecteur passionné de mécanique confirmera les calculs qui donnent le système :
On retrouve la conservation de la rotation axiale, mais les 2 premières équations ne permettent pas une résolution "à la main". Cependant, un cas particulier intéressant et étonnant est celui de l'existence d'un mouvement où q=90° reste constant, à la seule condition que la précession prenne une valeur bien précise.
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b) MISE EN EVIDENCE D'UN COMPORTEMENT GYROSCOPIQUE:
Recherchons la possibilité d'un mouvement stationnaire où q reste constant. De toute évidence la vitesse de précession vérifie l'équation :
L'équation (1) montre la fixité de l'axe en position verticale, ce qui est normal puisque la pesanteur devient inactive.
L'équation (2) donne une autre solution avec la vitesse de précession d
y/dt en fonction de q et W.Le cas intéressant est celui où le solide S est un gyroscope animé d'une grande vitesse angulaire
W,.On peut alors montrer que :Ce cas est illustré par la figure (1) avec les conditions initiales bien choisies. C'est, ce que l'on appelle le
PARADOXE GYROSCOPIQUE: A savoir que le solide S est complètement en porte à faux où le poids agit avec un couple maximum et cependant l'axe Oz du solide reste dans le plan horizontal, "sans tomber".APPLICATION PRATIQUE :
La conséquence de ce résultat, est que pour un "gyro" dit de pointage ( devant mémoriser une direction absolue ), tout décentrage de G par raport au point de suspension O, crée une précession et donc une dérive de l'axe "gyro". C'est un point critique des techniques inertielles. On y remédie en pratique en augmentant au maximum la vitesse angulaire axiale
W , ce qui fait diminuer la dérive.Guiziou Robert